Iegor Gran, Biographie
Iegor Andreïevitch Siniavski , dit Iegor Gran, est né le 23 décembre 1964 à Moscou, dans une famille de l’intelligentsia appartenant au cercle d’intellectuels et de littéraires moscovites. Son père Andreï Donatovitch Siniavski (1925 – 1997), issu de la noblesse russe, travaille comme professeur à l’Université de Moscou, il est journaliste, essayiste, écrivain et critique littéraire. Sa mère, Maria Vassilievna Rozanova (1930-) – critique d’art, femme de lettres, éditrice.
Pour contourner la censure, son père écrit sous le pseudonyme Abram Tertz et publie ses œuvres, pleines d’expressivité ironique et absolument non-politiquement correctes, à l’Occident : Messieurs, la Cour, 1956; Qu’est-ce que le réalisme socialiste ?, 1959 ; Lioubimov, 1963.
Iegor a 9 mois quand son père est arrêté et envoyé, après cinq mois de procès, en Mordovie dans un « Camp de redressement par le travail » où il est détenu jusqu’en 1971.
Pendant toutes ces années sa mère l’assure que son père a une mission importante et travaille loin de chez eux. Pour leur unique rencontre d’une demi-heure, le garçon de trois ans et demi a dû faire quarante huit heures de train dans un sens et autant dans l’autre.
Iegor apprend à lire seul en découvrant la version russe du « Magicien d’Oz ». Quand Andreï Siniavski libéré rentre à la maison, une grande complicité s’installe entre le père et le fils. Son père commence à lui lire les classiques russes : Pouchkine, Gogol, mais aussi les romans d’aventure de Stevenson, Robinson Crusoé de Daniel Defoe ; Hoffmann. Iegor écrit lui-même, veut devenir écrivain. Son premier récit d’aventure commence par « Je vivais à Londres à l’époque… ». Une vraie révélation : Les aventures du baron de Münchhausen, dont le trait le plus significatif est qu’il ne ment jamais. A partir de là tous les récits extraordinaires sont forcément vrais. Pour Gran son amour des livres, de la lecture vient de la littérature enfantine, du premier plongeon dans le monde du merveilleux.
En 1971 la famille est invitée à Paris où Andreï Siniavski va enseigner à la Sorbonne la littérature et la culture russes. 1973, en route vers la France ses parents lui révèlent la vérité sur la nature du « travail » qu’exerçait son père pendant toutes ces années. La première question du garçon intrigué est : son père a-t-il déjà essayé de s’évader ?
Le départ de Russie présente un changement complet de contexte social, économique et culturel. Arrivé en France sans la moindre notion de la langue, la classe de CM1 qu’il intègre tourne vite au cauchemar sans la moindre possibilité de s’exprimer ni de communiquer. Les zéros s’accumulent… Surpris par son professeur en train de lire Le dernier des Mohicans en russe, confortablement installé en vrai cancre au dernier rang, il est sévèrement grondé et montré du doigt comme un exemple à ne pas suivre. Heureusement une amie de ses parents lui explique que pour réussir sa scolarité et finalement sa vie en France, il faut être fort en maths. Pas de problèmes pour Iegor – il termine le baccalauréat avec mention bien et se voit devenir un mathématicien, fou et génial.
L’œuvre littéraire de son père, il la découvre déjà adolescent. Vers le même âge il aide ses parents dans l’édition du Sintaksis magazine de dissidence russe.
Par désespoir, comme il le dit, sa vocation étant toujours la littérature, il intègre l’Ecole Centrale. Passionné du jeu d'échecs, il fait partie de l’équipe de cette Ecole. Fasciné par la beauté de la logique, les paradoxes, l’abstraction phénoménale, il est séduit par la mathématique qui a permis aux Egyptiens de démontrer l’existence de Dieu au moyen des chiffres (selon Schwaller de Lubicz, philosophe, métaphysicien, et égyptologue français). Diplômé, il ajoute une formation économique aux maths pures et trouve un emploi dans une banque. Ses propres lectures favorites : Marcel Aymé, Edgar Poe, Casanova, Céline, Gontcharov, Huysmans, Kafka, Nabokov, Flaubert…
En 1997, à trente trois ans, il amorce une carrière littéraire. Deux évènements en sont les catalyseurs : il trouve son style, sa façon de s’exprimer dans la littérature et son père, qui voulait toujours le voir écrivain, a un cancer des poumons dont il décédera quelque mois avant la publication du premier roman de son fils.
Iegor Siniavski choisit comme pseudonyme le nom de famille de sa femme, car le nom de son père est déjà bien connu dans les cercles littéraires. Le manuscrit d'Ipso facto, envoyé à plusieurs éditeurs, est immédiatement accepté avec enthousiasme par P.O.L, où il a publié depuis toute son œuvre.
Ipso facto sort en 1998, suivi de Acné Festival, 1999 ; Spécimen mâle, 2001 ; ONG !, 2003 (prix de l’Humour noir) ; Le Truoc-Nog, 2003 ; Jeanne d'Arc fait tic-tac, 2005 ; Les Trois Vies de Lucie, 2006 ; Thriller, 2009 ; L’écologie en bas de chez moi, 2011 ; L'Ambition, 2013 et le dernier « bébé » Vilaines Pensées en 2014.
Автор: | Дульез Наталья Викторовна |
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Дата: | 27.09.2014 |
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