Александр Лившиц «Новый мир» (Известия)
Россия. Кризис вынес на поверхность острейшую проблему - слабость финансовой системы. Промышленные корпорации ушли далеко вперед. Потребность в деньгах вынуждены утолять не дома, а за границей. Что делает экономику уязвимой. Причем стратегически. Уже испытали в полной мере. Как только на Западе прикрутили краны, у нас началась финансовая засуха. А тут еще двинулись вниз экспортные цены... Государство, конечно, спасает. И, уверен, спасет. Хотя и не всех. Но так не может продолжаться бесконечно. Что это за бизнес, если ему регулярно требуется скорая помощь?
У нас есть банки первого эшелона (волки). А также второй, третий и прочие эшелоны (зайцы). Законы либеральные. Толерантные. Как и политика ЦБ. Истребляет косых только в случае крайнего озверения последних. В результате сектор стал настоящим зайчатником. Волк не может ни поесть, ни отдохнуть. Из-за каждого куста торчат длинные уши... В России 1200 банков. Зачем нам столько? Надо бы сократить популяцию зайцев в пользу волков. Иначе так и будем ходить по миру с протянутой рукой. Мучительно думая об ответной реакции. То ли деньги положат. То ли просто пожмут. И пошлют куда подальше.
Россия впервые пережила настоящий биржевой крах. А граждане ничего и не почувствовали. Ведь у большинства никаких акций не было и нет. Потому что отстали от развитых стран. И слава богу. Сейчас было бы разумно заняться народными IPO. Предложить выкуп бумаг по цене размещения. Успокоить вкладчиков. И отложить эти игры до лучших времен.
Что будет дальше? Испытания не кончились. Придется столкнуться с ростом инфляции. Спадом производства. Безработицей. Власти все видят. Пока реагируют адекватно. То же, кстати, предстоит пережить и другим членам мировой финансовой семьи. Нас туда не загоняли. Вошли добровольно. А там все пополам - и радости, и горе. Никто не мог предположить, что заокеанский шурин внезапно уйдет в запой. Изрядно набедокурил. Отоварил всех, кто попал под горячую могучую руку. Сейчас остыл. Лечится. Переживает. Ну что ж теперь... Какой ни есть, а он родня.
Russie. La crise a fait éclater au grand jour un problème des plus aigus : la faiblesse du système financier. Les corporations industrielles sont loin devant. Elles ressentent un besoin d’argent et sont amenées à le satisfaire à l’étranger et non pas à la maison, ce qui rend l’économie vulnérable. De manière stratégique, d’ailleurs. Nous en avons déjà eu en Russie pour notre grade. Dès que l’Ouest a resserré ses vannes, nous avons vu apparaître chez nous une sécheresse financière. En même temps les prix à l’exportation ont commencé à baisser... L’Etat vient à la rescousse, naturellement. Et il nous sauvera, j’en suis sûr. Quoique pas tout le monde. Mais on ne peut continuer comme ça indéfiniment. Quel est donc ce genre des affaires, si elles doivent faire régulièrement appel aux « Urgences » ?
En Russie il y a des banques de premier rang (les loups). Et aussi de deuxième rang, troisième rang et autres (les moutons). Les lois sont libérales. Tolérantes. Comme la politique de la Banque centrale. Elle extermine les moutons seulement dans le cas où ces derniers deviennent trop audacieux. C’est pourquoi le secteur bancaire est transformé en un véritable troupeau de moutons. Le loup ne peut ni manger, ni se reposer. Derrière tous les buissons sortent de petites queues... La Russie compte 1200 banques. À quoi sert un aussi grand nombre ? Il faudrait réduire la population de moutons au profit de celle des loups. Sinon nous sommes condamnés à toujours mendier, en pensant douloureusement à une conséquence. Soit on nous donnera de l’argent, soit on nous serrera la main, avant de nous envoyer sur les roses.
La Russie a connu pour la première fois un vrai krach boursier. Mais la population n’a rien senti, puisque la plupart d’entre eux ne possède aucune action. Car nous sommes loin derrière les pays développés. Et Dieu merci. Il serait raisonnable de réaliser maintenant une « Introduction en bourse populaire (IPO populaire) ». De proposer le rachat des titres au prix de placement, de rassurer les déposants et de remettre ces jeux-là à plus tard.
Qu’est-ce qui nous attend après ? Les épreuves ne sont pas terminées. Nous allons devoir faire face à la croissance de l’inflation, au ralentissement de la production, au chômage. Les pouvoirs voient tout. Pour le moment ils prennent des mesures adéquates. D’ailleurs, d’autres membres de la famille financière globale devraient connaître le même sort. Nous n’avons pas été forcés de l’intégrer. Nous l’avons fait de notre plein gré. Mais là-bas, on est uni pour le meilleur et pour le pire. Personne n’aurait pu supposer que l’oncle d’Amérique sombrerait soudainement dans l’ivrognerie*. Il en a fait de belles. Tout le monde qui était implacablement à sa portée en a pris pour son compte. Tout à l’heure, il a mis de l'eau dans son vin. Il est en train de se soigner. Il se tracasse. Eh bien tant pis... Il est quand-même de la famille*.